L’ingénieur n’a ni tort ni raison. L’autre a tort.

par Bernadin LARRIEUX
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Mon intention n’est pas d’assurer la défense de l’ingénieur Samuel Boursiquot que je connais depuis tantôt trois (3) ans à Haitian Education and Leadership Program (HELP), institution octroyant des bourses d’études se basant sur le besoin et le mérite, et dans laquelle, je suis responsable de l’encadrement des boursiers en projet de fin d’études (PFE) mais de questionner l’importance accordée à un message dont le but était de ridiculiser l’aide dans son objet et sa nature.

Samuel Boursiquot n’est pas un ingénieur connu comme tel si l’on essaie de saisir la tendance en Haïti. Tout ingénieur est appelé à construire. Il est vrai que l’ingénieur tend vers la construction, il faut se poser la question de l’objet à construire et aussi le matériau à utiliser.

Le petit Robert définit l’ingénieur comme étant une personne qui a reçu une formation scientifique et technique la rendant apte à diriger certains travaux, à participer aux applications de la science[1]. L’ordre des ingénieurs du Québec définit dans un sens global le concept ingénieur en ces termes :

« De tout temps, l’ingénieur est appelé à résoudre des problèmes technologiques, concrets et souvent complexes, liés à la conception, à la réalisation et à la mise en œuvre de produits, de systèmes 
ou de services. Pour assumer un rôle si stratégique dans la société, ce professionnel doit maîtriser 
un ensemble de connaissances techniques — économiques, sociales, environnementales 
et humaines — qui reposent sur une solide culture scientifique[2]»

Il poursuit en indiquant les différents objets que projette la profession toutefois en nuançant la question de la définition par rapport à la complexité du domaine. Il précise la complexité du domaine tout en faisant ressortir le secteur de l’exercice du savoir théorique et pratique des ingénieurs :

« Le savoir-faire des ingénieurs se soit exercé principalement dans le secteur industriel, il est impressionnant de constater la multiplicité et la diversité des domaines dans lesquels ils peuvent aujourd’hui faire valoir leurs talents. Dans un tel contexte, il est devenu difficile de donner
une définition unique de ce métier, qui se pratique aussi bien dans l’industrie lourde, 
les biotechnologies, l’énergie et la mécanique que dans les services, l’aérospatiale, les technologies 
de l’information ou encore la construction. [3]»

Cela démontre l’immense préoccupation des ingénieurs et leurs possibles spécialisations. Ce petit rappel se veut une manière de remettre en question la représentation collective des ingénieurs en Haïti « tout ingénieur est lié aux bâtiments ou à la construction des bâtiments ». L’ingénierie est complexe comme domaine et diplôme. Être ingénieur implique la conceptualisation, la réalisation et la mise en œuvre de systèmes complexes.

Contexte et réalité du message en réponse au post de la radio métronome

Après le 14 aout 2021, date impliquant dans l’histoire d’Haïti deux évènements : cérémonie du Bois-Caïman et le tremblement meurtrier et avilissant dans la partie méridionale du pays ; en solidarité, les pays du monde entier touchés par la question décident de se solidariser à Haïti. La radio métronome fait un tweet rapportant qu’un don estimé à un million de livre sterling est accordé à Haïti en faveur des victimes. Samuel Boursiquot, ingénieur informaticien et comédien, en vue de ridiculiser et en même temps remettre en question l’aide, riposte Haïti n’a plus besoin de livres en sachant le contexte qui sévit dans le pays mais d’argent pour subvenir aux besoins de la population. Sans vouloir défendre Samuel, le titre accompagné du nom devrait permettre à toutes personnes sérieuses à questionner le commentaire. Un ingénieur maitrisant un minimum comme formation pourrait -il être en manque de culture pour ne pas connaitre la monnaie du Royaume-Uni ?  En sachant qu’il est un informaticien, il maitrise le minium en naviguant sur l’internet, il pourrait en tous sens, se donner le luxe de vérifier ce que veut dire le livre sterling. A mon sens, l’ingénieur a voulu d’un part attirer les internautes sur quelque chose et d’autre part, il voulait ridiculiser l’aide. On a toujours fait des dons. De tels dons laissent la population en situation de nécessiter plus de dons. Haïti a besoin de livres mais aussi de l’argent pour faire son développement. Haïti n’a plus besoin de dons qui ne serviraient qu’à l’enliser mais plutôt de ceux qui serviraient à la faire renaitre en fondant un pays digne de son histoire. En dépit de tout, le commentaire de Samuel Boursiquot même dans son hors contexte inspire et peut encore inspirer. Les commentaires de Monsieur Numa en disent long.

Valery Numa, journaliste de carrière commente et fait du buzz

Je ne connais pas Monsieur Numa en dehors de ses prises de positions à la radio. Il me semble, sa réputation dans le journalisme n’est plus à faire. Pour moi, c’est un personnage quelconque jouissant d’une notoriété surfaite.

A mon sens, Monsieur Numa rate une occasion de faire quelque chose qui servirait de leçons aux autres journalistes en investiguant sur le nommé « Ingénieur Samuel Boursiquot ». Il aurait dû, pour un journaliste de son acabit, investiguer. Le journalisme d’investigation est une denrée rare dans un pays où le paraitre et la facilité font la norme. Le célèbre journaliste rate encore une occasion de faire école. Ainsi, il se comporte comme monsieur tout le monde. Le sens commun ferait autant en pareilles circonstances.

 Pire, Monsieur Numa assimile la profession, le domaine ainsi que le titre d’un ingénieur à la seule construction de bâtiments. Aux royaumes des aveugles les borgnes sont rois. Il s’agit là d’une culture générale de niveau primaire. A mon sens, il doit questionner sa culture générale comme journaliste de carrière au lieu de questionner l’ingénieur, qui en situation de comédie commente un post de la radio métronome. L’ingénierie ne peut se résumer à la construction. Elle est plus complexe que ce que Monsieur Numa peut penser en faisant de son état la référence pour penser tout.

Il vaut mieux se taire, Monsieur Numa, quand on n’a rien à dire. Le silence en réalité peut dire beaucoup. Malheureusement, voulant parler de tout, il dit ce que son entendement ne comprend et ne peut saisir.

Le journaliste en Haïti, de nos jours ne résume qu’à faire du buzz. Monsieur Numa le fait pour retenir l’attention des gens en sachant que ce commentaire fait le tour du pays. Chacun se l’approprie à la dimension de son savoir. Par un simple commentaire, il serait bienvenu en s’offrant de nouveaux commentaires sur l’internet. Peut-être, chose pensée, chose faite.

En analysant la question, l’ingénieur Boursiquot a finalement fait passer son message. Ce qu’il n’a pas à justifier. Le commentaire ne l’appartient plus. Il est à tous. Chacun se l’approprie à la dimension de son savoir Toutefois, le mode d’appropriation doit tenir compte d’un minimum de cohérence. Ce que le fameux journaliste n’a pas compris. Il a raté une occasion de se taire. Par ces commentaires, il fait de Samuel Boursiquot l’homme à connaitre et son livre Riksyoné, le premier en ce sens, poursuit encore son chemin.


[1]https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwiP9vmU9cfyAhWeFFkFHYVECIcQvecEMAB6BAgEEAM&url=https%3A%2F%2Fwww.lerobert.com%2Fgoogle-dictionnaire-fr%3Fparam%3Ding%25C3%25A9nieur&usg=AOvVaw3Zwco5tmO0uBJUOPhvWLiZ, consulte le 22 aout 2021.

[2] https://oiq.qc.ca/FR/JESUIS/PUBLIC/QUESTCEQUUNINGENIEUR/Pages/default.aspx, consulte le 22 aout 2021.

[3] https://oiq.qc.ca/FR/JESUIS/PUBLIC/QUESTCEQUUNINGENIEUR/Pages/default.aspx, consulte le 22 aout 2021.

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