Chronique “Des écoles et des livres” : Quand la bibliothèque va à l’école

par Bombarde Info
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Par Marc Exavier

De temps à autre, l’animatrice principale du CLAC de Saint -Marc m’envoie ( sur WhatsApp) des photos de ses activités que je m’empresse toujours de partager. Dans un CLAC, les activités sont d’une grande diversité, selon le dynamisme et l’inventivité des animateurs ou les demandes et propositions de la communauté : conférences, spectacles, séminaires, concours, rencontres communautaires, colloques, ateliers de théâtre, de peinture, de lecture, d’écriture, et j’en passe. Si vous ne le savez pas encore, un CLAC, c’est un Centre de Lecture et d’Animation Culturelle.

Le programme CLAC est une initiative de l’ Organisation internationale de la Francophonie (OIF) qui le présente en ces termes dans un document publié en 2023:” Depuis 1985, l’OIF a mis en place 320 Centres de lecture et d’animation culturelle (CLAC) dans 22 pays membres au bénéfice de 3,6 millions de visiteurs par an. Ces centres ont pour mandat de favoriser l’accès aux savoirs, à la culture, à l’information et aux loisirs des populations démunies en équipements culturels et de lecture. Un CLAC est un centre culturel abritant une bibliothèque (près de 3.000 titres) et une salle d’animation, équipé pour répondre aux agglomérations de 5.000 à 30.000 habitants. La bibliothèque permet aux populations d’accéder aux livres et aux supports numériques d’information et de formation. L’espace dédié à l’animation est équipé en matériel de sonorisation et de projection de cinéma mis à la disposition des enseignants, des opérateurs de développement ainsi qu’aux groupements, associations, ONG.”

Haïti est le seul pays en Amérique bénéficiant d’un réseau de Centres de lecture et d’animation culturelle. Les démarches pour l’implantation des CLAC en Haïti ont été menées dans la deuxième moitié des années 1990. Et c’est exactement en l’année 2000 que les premiers CLAC ont été inaugurés. Le réseau initial en comptait dix (10), répartis dans l’Ouest (1), l’Artibonite (4), le Nord (4), le Nord-Est (1). Actuellement le réseau CLAC- Haïti gère une quinzaine de centres, dont trois (3) dans le Département du Sud. Au début les CLAC ont suscité un énorme engouement dans les communautés. Les jeunes s’y retrouvaient par centaines pour découvrir les BD, les albums et autres livres. Mais avec le temps, il est visible que l’enthousiasme, voire l’intérêt, s’est estompé. On pourrait croire que les écoliers, les étudiants, et même les enseignants et les professionnels, allaient continuer à fréquenter sans relâche ces espaces où la documentation est disponible sous diverses formes. Mais, que nenni. Au fil des ans, si les activités dans les salles d’animation attirent le plus souvent une assez forte affluence, les bibliothèques assez souvent ( pas toujours, je le précise) demeurent quasi vides. Ce qui confirme l’idée émise par Bertrand Calenges dans son ouvrage ” Les petites bibliothèques publiques”:”C’est l’école qui apprend à lire et, sans cet apprentissage soigneusement conforté, pas de lecteurs à la bibliothèque.” C’est précisément parce que dans la plupart des écoles en Haïti on n’inculque pas aux enfants l’habitude et le goût de la lecture que le plus souvent les bibliothèques sont désertes. La lecture est souvent mal enseignée et peu encouragée. Aujourd’hui encore, pour beaucoup de gens, dont des parents et des enseignants, la lecture d’une œuvre de fiction est considérée comme une perte de temps. Ce n’est donc pas dans ces écoles que les enfants vont découvrir le trésor fabuleux de la littérature jeunesse et développer l’envie de fréquenter la bibliothèque. L’animatrice du CLAC de Saint -Marc, et probablement d’autres le font, recourt à une solution simple et efficace : se rendre dans les écoles avec des livres. Et, sur les photos, on peut constater la joie des enfants qui explorent les bouquins. Ce qui me rappelle cette phrase que j’ai lue dans l’ouvrage de Renée Léon, “La littérature de jeunesse à l’école”:”Que chaque enfant rencontre les livres qui répondent à ses attentes ou à ses préoccupations et qui correspondent aussi à son projet de lecteur.” Nous le répétons souvent car partout dans le monde c’est prouvé chaque jour : ” la lecture est la clé de la réussite scolaire”. Mais en Haïti où les écoles sont insuffisantes, la plupart n’ont pas de bibliothèque et la majorité des enseignants, des directeurs d’école et autres gestionnaires de l’éducation méconnaissent l’importance de la lecture.

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