Par Marc Exavier
Auriez – vous imaginé qu’un pays comme la France s’inquiète du niveau – trop faible – de son système éducatif, comparativement à certains autres pays de l’OCDE ( Organisation de coopération et de développement économiques/ une quarantaine de pays de tous les continents). C’est pour cela que le ministère français de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a institué, en janvier 2018, le Conseil scientifique de l’Éducation nationale ( CSEN) ayant pour objet d’apporter avis et conseils dans le domaine de l’Éducation nationale et de promouvoir la recherche scientifique sur les pratiques éducatives.
Le CSEN réunit une trentaine de personnalités reconnues travaillant dans différentes disciplines scientifiques. Il est présidé par le neuro scientifique Stanislas Dehaene, qui est également professeur au Collège de France.Au début de l’année 2021, le Collège des professeurs du Collège de France a lancé une initiative dénommée ” Agir pour l’éducation, un enjeu pour la société “. On y retrouve Stanislas Dehaene, qui introduit une première série de conférences…” Comme vous le savez, déclare-t-il, l’éducation est le socle sur lequel se construit l’avenir d’un pays. Et la situation française est préoccupante.(…) Les défis sont nombreux. Et c’est pour tenter de répondre à ces défis que les scientifiques du Collège de France dans toutes les disciplines se sont mobilisés en faveur de l’éducation. C’est dans ce contexte qu’aura lieu chaque année au Collège de France un cycle de conférences que nous inaugurons aujourd’hui, qui sera consacré à l’une des grandes thématiques de l’éducation pour y apporter un éclairage avec les différentes disciplines scientifiques du Collège de France. Cette année, le thème qui a été choisi, c’est l’apprentissage de la lecture.”” L’apprentissage de la lecture et ses difficultés “, c’est sous ce titre général que sont intervenus, en cinq séances, seul ou en tandem, plusieurs chercheurs de haut niveau, chacun dans son domaine de spécialisation. Toutes ces conférences sont disponibles intégralement sur Youtube. La toute première a été confiée au professeur Johannes Ziegler qui affiche tout un chapelet de qualifications et de responsabilités. Il est, entre autres, Directeur de recherches au CNRS, responsable d’équipe à l’Université d’Aix-Marseille et, notamment, l’un des grands spécialistes de la psychologie cognitive de la lecture, à laquelle il a consacré pratiquement toute sa carrière.” La lecture, dit-il, nous a permis de partager et de transmettre des connaissances. C’est sans doute l’une des plus belles inventions de la civilisation humaine, qui bien évidemment a contribué à tous les progrès que la civilisation a pu faire. La lecture est une machine à remonter le temps, à voyager dans le monde entier, à sortir de son milieu social, à comprendre les autres, à comprendre tout court. Et comme disait Jack Lang depuis déjà longtemps,” la lecture est la colonne vertébrale de tous les apprentissages”. Donc un enfant qui n’arrive pas à comprendre un texte aurait mécaniquement des difficultés dans presque toutes les matières scolaires : les mathématiques, l’histoire – géo, etc. etc. Peut – être pas en sport… À la sortie du collège,15% des élèves n’ont pratiquement aucune maîtrise de la compréhension écrite et sont en difficulté devant un texte un peu complexe. Évidemment, ça a des répercussions énormes sur le devenir professionnel,personnel, psycosocial, le bien- être à l’école…” Tout comme le poète français Alfred de Musset (1810-1857) a intitulé l’une de ses pièces de théâtre ” On ne badine pas avec l’amour”, tenant compte de son importance dans la vie scolaire, professionnelle ou personnelle, on ne devrait pas ” bêtiser ” avec la lecture.
Malheureusement, c’est ce qu’on a toujours fait et qu’on fait encore en Haïti. On confie l’enseignement des bases de la lecture, en grande section de la maternelle et au cours préparatoire, à des maîtres et des maîtresses généralement très peu imbus de cette question, de ses diverses méthodes et de ses multiples enjeux.On aborde la lecture avec une certaine légèreté si ce n’est une grande ignorance dans le système éducatif haïtien. Alors que,dans beaucoup de pays, c’est ” une préoccupation majeure”. Il existe une quantité astronomique de livres écrits sur la question . À défaut de pouvoir mettre immédiatement ces livres à la disposition de nos enseignants , on peut leur conseiller de visionner les milieux adaptées parmi les nombreuses conférences qui circulent sur les réseaux notamment youtube. Nous sommes arrivés à un moment où la société haïtienne patauge dans une crise délétère. Alors l’École ( haïtienne) doit se remettre en question, réfléchir à son renouvellement, afin de pouvoir vraiment contribuer au développement économique, politique, social et culturel du pays. Ne répétons – nous pas tout le temps :” tant vaut l’École, tant vaut la Nation”? On voit bien que notre système éducatif où les écoles sont insuffisantes et les livres trop rares nous a conduits vers la faillite collective. La réponse :Bati lekòl toupatou ;Mete liv nan lekòl yo.