Par Marc Exavier
Source : C3 hebdo, jeudi 04 avril 2024
Depuis quelques années , je participe activement, le 2 avril, à la célébration de la Journée internationale du livre pour enfants, en animant des programmes, soit dans des écoles ou des bibliothèques, soit dans l’un des deux centres culturels de C3EDITIONS : Le Centre culturel l’Amaranthe aux Gonaïves et la Salle Michel Soukar à Delmas. Malheureusement, je suis contraint , pour les raisons que vous savez déjà, de faire l’impasse sur ces activités, pour cette année.
C’est en 1967 que l’Union internationale pour les livres de jeunesse (International Board on Books for Young People) ,,sous le parrainage de l’UNESCO, a lancé la Journée internationale du livre pour enfants le 2 avril, en mémoire de la naissance du conteur danois Hans Christian Andersen né à Ostende, dans le royaume de Danemark , le 2 avril 1805. L’auteur de ” La petite sirène”, “Le vilain petit canard”, ” Les habits neufs de l’Empereur”et plein d’autres récits, compte parmi les écrivains les plus lus à travers le monde, notamment par les jeunes.
La Journée internationale du livre pour enfants ( International Children Books Day) a pour but de ” promouvoir l’alphabétisation , d’inspirer l’amour de la lecture et d’attirer l’attention sur les livres pour enfants”.
Aujourd’hui, le livre pour la jeunesse est un créneau florissant qui représente environ 15% du chiffre d’affaires des maisons d’édition dans certains pays comme la France, le Canada et, probablement, les États-Unis. Partout dans le monde, on se soucie de faire lire les enfants en mettant à leur disposition des livres appropriés à leur niveau et leurs centres d’intérêt. En France, le ministère de l’Éducation nationale propose, prescrit même, des livres à lire de la maternelle jusqu’à la Terminale. Ainsi la littérature de jeunesse trouve – t- elle sa place et un vrai marché dans les “écoles”. Il est fondamental qu’à côté du manuel de lecture le jeune élève prolonge et consolide ses apprentissages dans des livres de loisir et/ ou de découverte qui lui insuffleront le plaisir de lire et l’amour de la lecture.
Dans la présentation du livre de Renée Léon ” La littérature de jeunesse à l’école” ( Hachette Éducation,1994), nous lisons :
” La littérature de jeunesse se révèle matière exigeante dont la mission est de plaire à tous sans ennuyer ni choquer personne : aux créateurs qui réalisent les livres,aux parents qui les achètent,aux enfants qui les lisent… et aux enseignants qui les utilisent.
Car enfin, tout au long de ces voyages en terre étrangère, dans la science ou dans la nature, de lieux magiques ou disparus en mondes inconnus ou intersidéraux, l’enfant piloté par l’enseignant rit, échange, accroît son expérience et en ramène un trésor rare: le plaisir et la maîtrise de la lecture.”
On reconnaît partout l’importance de la littérature jeunesse dans le développement intellectuel et affectif des enfants. Cependant, en Haïti, au milieu d’une littérature foisonnante et brillante, les livres pour enfants occupent encore une place réduite. La revue “Legs et littérature” dans un numéro (6) consacré, en juillet 2015, à la littérature de jeunesse a recensé en Haïti un nombre assez faible de titres et d’auteurs dans ce créneau . Je n’ai pas la revue sous les yeux, mais dans un article publié en mai 2014 par Wébert Charles, l’un des principaux animateurs de la revue , je peux lire :
“La dixième édition (sic) de la Foire annuelle” Livres en folie “( sans doute la plus grande foire du livre du pays, voire de la Caraïbe) avait reçu 129 auteurs en signature qui ont signé plus de 165 titres. Dans cette floraison de livres, l’on peut facilement constater qu’il n’y a eu que cinq livres jeunesse ( contes,BD, etc.). Ce qui ne fait pas plus de 3%. Nous sommes d’accord que la place réservée à cette littérature est donc très restreinte.”
Nous devons toutefois relativiser les données de ce constat de Wébert Charles, car a l’époque où il écrivit cet article, il se tenait chaque année une foire du livre jeunesse environ un mois avant “Livres en folie”. C’est là qu’on trouvait la plupart des titres pour enfants publiés par les éditeurs haïtiens et aussi à compte d’auteur. Mais là non plus, on ne pouvait parler d’abondance.
Existe -t-il ou a-t-il existé en Haïti une politique ou du moins un plan étatique pour promouvoir et enrichir la littérature de jeunesse ? Non, si l’on en croit Wébert Charles :
” Les institutions publiques, comme la Direction nationale du livre, par exemple, ne font pas de la littérature jeunesse leur priorité. Malgré l’acharnement de la DNL à partager le livre, à donner le goût de la lecture aux jeunes et aux moins jeunes, la réflexion autour de la littérature jeunesse est quasiment inexistante.”
En ce qui concerne le ministère de l’Éducation nationale, je ne sais pas s’il existe dans ses programmes et ses directives, des indications pour introduire et utiliser adéquatement la littérature de jeunesse dans les niveaux préscolaire et fondamental. Si oui ,
il est important de les faire connaître et de les renforcer.
Définitivement, nous avons besoin de plus d’écoles et de plus de livres dans les écoles.
Bati lekòl toupatou.
Mete liv nan lekòl yo.